L'APPEL DE L'ENFER
Parmi les auteurs de bandes dessinées en pleine activité, Will (Willy Maltaite) est très certainement un créateur dont la parution est toujours très attendue et réjouissante à plus d'un titre. Depuis qu'étaient fugitivement apparues la capiteuse "Kiki" dans quelques "Tif et Tondu" et l'ensorcelante "Calendula" dans les histoires d'Isabelle, on pouvait espérer que Will créerait de pulpeuses héroïnes. Ces sirènes de papier sont nées dans deux remarquables albums de la prestigieuse collection Aire Libre: 'Le Jardin des désirs' et 'La 27ème Lettre'. Deux créations dominées par la délicatesse, l'humour, la sensibilité et l'immense maîtrise graphique d'un dessinateur talentueux et perfectionniste. Autant de qualités que l'on retrouve dans 'L'appel de l'enfer', un nouveau petit bijou, scénarisé par Desberg.
L'album présente trois variations sur un même thème: des âmes perdues viennent trouver Satan souhaitant aller en appel de leur damnation éternelle. Face à Lucifer, voilà des pauvres "diables", dont le pêché aura été d'avoir aimé sans compter. Trois récits caractérisés par une flamme de tendresse, de fantaisie et d'ironie! Des créatures féminines, belles à damner, colorent et font rêver l'amateur le plus exigeant... mieux qu'une réussite, un chef-d'oeuvre.
WILL & DESBERG, L 'Appel de l'enfer, P & T Productions, 1993.
Franz Van Cauwenbergh dans REVE-EN-BULLE no 6 en octobre-novembre 1993
WILL ET DESBERG
L'Appel de l'enfer
P&T production
72 P.- 169 F.
"En 1990, Will et Desberg abandonnent Tif et Tondu à leur sort (aux mains de Sikorski et Lapière) pour se consacrer à des albums", indique pudiquement le prière d'insérer, "destinés à un public plus mûr". Que les populations se rassurent, Will et Desberg ne donnent pas pour autant dans le "hard" ; il s'agit même de contes, certes un tantinet égrillards, mais on ne peut plus moraux.
Le diable est chargé - toujours les basses oeuvres ! décidément Dieu ne se mouille pas beaucoup - d'examiner quelques recours en grâce. Trois cas, comme les traditionnels trois voeux, qui n'auraient jamais dû valoir à leurs auteurs la damnation éternelle. Sans doute l'un a bien commis un meurtre, et les deux autres se sont livrés à de coupables liaisons zoophiliques. Enfin, si l'on juge sur les apparences, et l'on ne s'attendait pas à une telle légèreté de la part de Saint-Pierre. Car en fait il y a deux cas de "vengeance" légitime - vengeance c'est déjà trop, c'est pas beau et ça vaut au moins le purgatoire -, disons plutôt deux cas de retournement de l'histoire où le vrai criminel a bel et bien été puni, - il y a donc gourance sur la personne -, et un cas de pur amour (le premier des trois). Et c'est là qu'est le véritable scandale : que des humains puissent prétendre au bonheur sur terre ! Je vous l'avais dit, des contes ultramoraux. Simplement, un peu chers : 169 F pour 72 pages, vous avez intérêt à vous faire une petite réserve si vous voulez échapper à la damnation.
Jean-Paul Morel dans A Suivre No 186 de juillet 1993
L'Appel de L'Enfer
par WILL & DESBERG
(P & T Productions)
Assis derrière son bureau, dans de très soft enfers, le Diable-costard-cravate et pulpeuse secrétaire !- reçoit des plaignants: des individus qui contestent le bien-fondé du jugement dernier, et la décision qui a été prise de les condamner à la damnation éternelle ! Ce faisant, pour légitimer leurs plaintes, les plaignants racontent leur vie terrestre, mettant en scène les situations (souvent fort troublantes) qui, mal interprétées par Saint-Pierre et son tribunal, les ont dépêchés ici même ! L'un se trouve être condamné pour meurtre, un autre pour luxure et adultère, un troisième pour zoophilie; mais ils ont bien sûr le droit de présenter leur version des faits... Et Will et Desberg, l'un avec la magie de son superbe dessin (et de ses couleurs magnifiques); l'autre avec un scénario malin, voluptueux et sensible, de nous conter les aventures de ces étranges plaignants. Est-ce alors un hasard si au coeur de chacune de ces aventures, se trouve une femme? Une de ces femmes sublimes dont le pinceau de Will caresse amoureusement les corps alanguis et les longues chevelures?
Dargaud a aimé dans La Lettre de Dargaud No 12 en juillet 1993