Des critiques de Tif et Tondu publiées

 

LE SANCTUAIRE OUBLIÉ par Desberg et WILL

Pour LE SANCTUAIRE OUBLIÉ (TIF ET TONDU N° 29), Stephen Desberg signe ici un scénario suspense que n'aurait pas désavoué son maître Maurice Tillieux. Un zeste de fantastique, quelques gouttes d'humour au fil des planches grâce aux tentatives de séduction féminine menées par l'inénarrable Tif, des séquences aventureuses brillamment dominées par le barbu Tondu, beaucoup de rebondissements et d'imagination, cet album se dévorera avec intérêt à partir de dix ans et détendra plus d'un adulte ne crachant pas sur la B.D. populaire traditionnelle. Tout démarre dans un petit port breton, où le pirate SQUALE HARRY, pourchassé par une armada espagnole, aurait caché un trésor ravi au Yucatan il y a quelques siècles d'ici.
Disparitions mystérieuses, dangereuses recherches sous-marines, découvertes insolites dans les archives locales, Will illustre superbement ce récit qui trouve son aboutissement dans le climat fantastique et hallucinatoire de la Cité Sacrée de Chichque Tuma. Une grande aventure passionnante !


M. ARCHIVE dans Spirou No 2267 en octobre 1981


ECHECS ET MATCH par Desberg et WILL

Après un début sur les chapeaux de roues au Grand Prix de Monaco, Tondu enquête sur une singulière affaire de sportifs moyens qui se trouvent propulsés au faîte de la gloire par un manager véreux, Verdant, et se suicident sitôt après avoir été cédés par celui-ci au prix fort à d'autres clubs ou équipes. Tif et Tondu passent à un rythme accéléré des charmes de la course à bord d'une voiture automatisée aux coulisses du grand tournoi de tennis de New York. Une solide série d'aventures aux péripéties rebondissantes, mitonnées par Stephen Desberg. Côté gag, Tif va cauchemarder à deux reprises et se voir, en prologue et épilogue, accroché pour la vie à un de ces ravissants seconds rôles que WILL a l'art de mettre en décor de ses histoires. Avec ECHECS ET MATCH (TIF ET TONDU N° 30), le délassement est parfaitement réussi.

Voici la question pour gagner cet album: La voiture d'essai que pilote Tif à Monaco s'appelle LA FULGURANTE N° 1 ? (Répondez par OUI ou par NON).

BD dans Spirou No 2323 en octobre 1982


 
- Tif et Tondu, La Villa sans souci Publiées au début des fifties, ces deux histoires constituent partiellement (il faudrait y ajouter un épisode comme " Le Fantôme des lagunes") la charnière entre l'oeuvre de Dineur - les personnages ont encore leurs fossettes bien grassouillettes - et le début de Will - trait plus souple, allongement des silhouettes. L'étroite collaboration entre ces deux auteurs permet à Will, dessinateur débutant, d'acquérir les ficelles d'un métier qui devait peu à peu le conduire aux sommets de la B.D. belge. 
- Tif et Tondu, Le Fantôme d'Arsène Rupin  
(325 ex. numérotés) (Albino)  

P.G. dans L'Année de la Bande Dessinée 83-84


Swastika par Desberg et WILL

Décidément, Hitler est à la mode ces temps-ci dans la bédé ! Nous voici donc une fois de plus confrontés à la résurrection du Führer, à qui ses fidèles d'Amérique du Sud veulent insuffler une seconde jeunesse. Par bonheur (pour nous), Tif et Tondu se mettent en travers de leur chemin... C'est réellement un excellent épisode, concis, mouvementé, grinçant et où Will s'est manifestement amusé, pris au jeu.

La Bédébloque du bédéfonceur par Numa Sadoul dans Circus No 71 en mars 1984


Traitement de Choc, par Desberg et Will

Ce 32e épisode (ma doué !) des aventures de Tif et Tondu, depuis longtemps dessinées par Will et depuis peu scénarisées par Desberg, est naturellement ficelé avec maîtrise et mérite l'attention de tous les fans, mais il vaut surtout par le retour, et de manière aussi inattendue qu'étonnante, du « méchant » absolu qu'est M. Choc (éd. Dupuis).

Bédébloc  par Numa Sadoul dans Circus No 79 en novembre 1984


WILL & DESBERG

Tif et Tondu 33: Choc 235

Vol d'uranium et scénario apocalyptique pour ce retour de Choc (attention, cet " haume " est dangereux...) Belles nageuses et jolie espionne pour Tif étrangement dragueur et dévergondé. Coups de poing, coups de feu pour Tondu qui réussit à sauver l'Humanité de la destruction la plus complète. Belle réussite à l'actif de la B.D. : pour la 5 467è fois un héros déjoue une menace mondiale d'anéantissement. Scénario classique de la seconde moitié du vingtième siècle.

Dupuis, cart, coul., 48 p., 33 F.

Stan Barets dans Circus No 92 en décembre 1985


WILL & DESBERG

Dans les griffes de la main blanche

Zorglub est parti en vacances éternelles, Olrik joue relâche, et même Axel Borg n'est plus tout à fait ce qu'il était.

Sale temps pour les super-vilains ! Et s'il n'en reste plus qu'un, c'est lui, c'est Monsieur Choc, immuable, éternel perdant, qui revient ici avec ce trente-cinquième épisode de Tif et Tondu. Increvables ! Tif (le chauve) et Tondu (le barbu) de retour pour faire tomber " La Main Blanche ", cette maffia, cet empire du crime... Bien sûr, ils réussiront à démanteler l'organisation. Bien sûr, Monsieur Choc disparaîtra " mystérieusement " à la fin de l'épisode... pour revenir au prochain avec son éternel habit à queue, son plastron immaculé, son fume-cigarette et son superbe heaume - sweet heaume - d'acier. Car tout est conventionnel. Tout est factice dans cette bande " fossile " qui trouve ses racines directement dans les années 50.

En surface, on observera bien sûr quelques changements. Tif et Tondu sont devenus bien agressifs, et la belle Gina joue plus souvent qu'à son tour au strip-poker (même si les limites de la décence ne sont jamais atteints). En fait, une seule chose n'a pas bougé : le charme suranné de cette bande. Mais oseriez-vous dire à votre grand-mère qu'elle est surannée ?

Dupuis, cart. coul. 44 pp 39,5F.

Stan Barets dans Circus No 105 en janvier 1987


Tif et Tondu: Magdaléna

Qu'on se le dise : de tous les disciples de Jijé, Will est le plus brave ! L'un des plus doués, aussi, ce qui n'est pas rien. A ce propos, l'infatigable dessinateur de Tif et Tondu vient de sortir un nouvel album, intitulé Magdaléna. Son brillant scénario, imaginé de toutes pièces par Desberg, nous entraîne à Venise, ville magique s'il en est, où les automates font la loi. Cet épisode, plus fantastique que policier, renouvelle avec bonheur cette excellente série, l'une des plus célèbres de SPIROU. A bientôt, les aminches. Et pour mon augm... L'année prochaine ? Vous êtes trop bon, monsieur Dupuis.

(Prunelle dans Spirou No 2576 en 1987)

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Au départ, le personnage par qui tout arrive est un dessinateur de bande dessinée, Charles Dewolf. On peut craindre que l'album soit truffé de « private joke », qu'il soit crypté et qu'un lectorat averti relève deci-delà, quelques allusions au métier. Ce qui, avouons-le, aurait été particulièrement frustrant. En fait, ce Charles Dewolf, n'est qu'un accessoire. Passée sa mort, il est vite relégué au magasin des dits accessoires. Tif et Tondu prennent le relais, et c'est tant mieux. Pourquoi les dernières planches que dessinait Charles Dewolf ont-elles disparu? Démarrant comme une enquête, où l'on croit comprendre qu'il s'agit en réalité d'espionnage, l'histoire prend progressivement un tour fantastique. Car le noeud de l'affaire se situe dans le milieu des collectionneurs d'automates. Et les voici entraînés dans un monde parallèle totalement fou. Il faut le dire, le scénario est habile. Il n'emploie pas de grosses ficelles et bien malin celui qui devinerait  où nous entraîne Desberg. Presque 50 ans après sa création "Tif et Tondu" est une série qui ne vieillit pas.

Ph. Bronson dans Pilote & Charlie No 18 d'octobre 1987


Tif et Tondu: Les phalanges de Jeanne d'Arc

Sur la couverture de l'album, une gigantesque bulle dit « On va leur montrer ce que de vieux pros comme nous ont encore dans le ventre! » En fait, dans l'album, il s'agit de Tif et Tondu qui, tombés au bas de l'échelle, s'expriment ainsi pour montrer leur rage du come back. Mais la phrase est bonne : on pourrait presque croire que c'est Will lui-même qui s'exprime !.. Les vieux pros en ont encore dans le ventre ! Tout au moins certains... Car, à l'heure où tant de séries qui ont bercé notre enfance s'effondrent dans des magmas séniles, c'est sympa de constater que Tif et Tondu gardent la forme. Voici une série dont on parle peu et qui, pourtant, atteint ici son 37ème volume sans que la qualité ne faiblisse. Il y a même une bonne pêche dans cette histoire où Will n'hésite pas à faire plonger Tif et Tondu dans la misère sur fond de ripoux - qu'il s'agisse de la police ou des milieux journalistiques - et de phalanges d'extrême-droite. Voilà qui sent l'air du temps... Un album où les paysages méditerranéens, lointains cousins de la grande époque des Pirates du Silence, sentent bon le soleil. Une aventure à suivre. 

Stan Barets dans Circus No 119, 2ème trimestre 1988  
 


Tif et Tondu, 57 ans de bouteille et toujours frais

Depuis leur création en 1938, les personnages de Tif et Tondu, l'un des tandems mythiques de la bande dessinée franco-belge, ont connu bien des changements et sont passés en de nombreuses mains.

Créés par Fernand Dineur, les deux compagnons entament leurs aventures dès l'origine du «Journal de Spirou». Dans le premier numéro du 21 avril 1938, Tif faisait admirer sa resplendissante calvitie, bientôt rejoint par Tondu, tout en hirsute pilosité. Leur première aventure se déroulait au Congo belge. Rien de surprenant si l'on sait que Dineur avait été commissaire territorial dans l'ancienne colonie. Dineur présidera à la destinée de Tif et Tondu jusqu'en 1949 puis cédera le crayon au jeune Willy Maltaite, tout en poursuivant l'écriture des scénarios de la série jusqu'en 1952. De cette première association naîtront notamment «San Salvador» (1950) et «Le Fantôme des lagunes» (1951), regroupés dans l'album «Tif et Tondu en Amérique centrale», ainsi que «La Villa Sans-Souci» (1952).

Au départ de Dineur, Will s'associe à Luc Bermar pour «Le Trésor d'Alaric» (1953) et à Albert Desprechins pour «Oscar et ses mystères» (1954). Deux excellents récits, mais ces collaborations resteront sans lendemain, car, en 1955, Rosy s'installe au pupitre de scénariste et crée l'inoubliable Monsieur Choc, bandit mondain, raffiné mais redoutable, maître sans partage du puissant gang international La Main blanche. Fini les voyous de seconde zone, les traficoteurs de pacotille et les contrebandiers à la petite semaine, Tif et Tondu vont à présent être confrontés à un adversaire digne de leur réputation de héros, un des beaux grands «mauvais» de la BD avec le colonel Olrik. Un duel à mort, sans faiblesse, sans pitié mais non sans respect - peut-être inavoué - à l'égard de l'ennemi, qui culminera dans «Le Réveil de Toar» (1966) et «Le Grand Combat» (1967).

En 1969, nouveau changement fondamental, Maurice Tillieux, le créateur de Félix et de Gil Jourdan, apporte à Will son sens aigu du suspense, de l'humour pince-sans-rire et de l'enquête policière. De surcroît, il inscrit les personnages dans une réalité contemporaine plus tangible; les lieux acquièrent un poids qui détermine le déroulement de l'action. Quelques-uns des meilleurs récits de la série seront issus de cette période particulièrement riche: «Le Roc maudit» (1970), «Les Ressuscités» (1972), «Tif et Tondu à New York» (1974), «Aventure en Birmanie» (1975). Tillieux collaborera avec Will jusqu'à sa mort en 1978 puis son assistant, Stephen Desberg, prendra la relève avec bonheur, parvenant même, en 1984, à réintroduire Monsieur Choc qui avait disparu en même temps que Rosy.

DES FARFELUS AUX DURS À CUIRE

Au fil de tant d'années, les personnages ont évolué, on s'en doute. Les farfelus des premiers temps ont acquis de la maturité, se sont mués en hommes d'action, en détectives subtils et, en ce qui concerne Tif, en dragueur invétéré. Les deux rondouillards qui combattaient la Main blanche ont pris de la carrure, leur mâchoire s'est affermie, leur coup de poing a gagné du punch. Tif a peu à peu assumé le tôle du plaisantin de service qui a une certaine tendance à énerver Tondu, lequel, l'âge aidant, se montre moins complaisant à l'égard des feintes de son compère.

ROBERT ROUYET dans LE SOIR du mercredi 18 janvier 1995