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Will est le dessinateur de "Tif et Tondu" et le créateur d'Isabelle aux éditions Dupuis

Vous avez réalisé la couverture et les illustrations pleine page de la brochure. Ce type de travail vous est-il familier?

Je dessine des affiches pour l'Opéra de Wallonie et je réalise occasionnellement des travaux de type publicitaire. J'ai notamment fait un album de bande dessinée destiné au personnel d'Air France.

Cela correspond-t-il à un besoin de vous échapper parfois de votre univers à vous?

Oui, je le fais volontiers parce que cela me change de mon travail de tous les jours, même s'il y a parfois de fastidieuses contraintes à respecter.

Ces contraintes ne brident-elles pas trop votre créativité?

Non, de toute façon, la BD aussi a ses contraintes. Autrefois les gens dessinaient et peignaient la plupart du temps sur commande, et cela ne nuisait pas pour autant à la qualité et l'originalité du travail. Bien sûr je n'accepte pas tous les travaux; si c'est trop technique ou si ça ne correspond pas assez à ce que j'aime dessiner, je refuse. Mais si on m'offre des millions, je ferai peut-être un effort pour le faire!...

Savez-vous toujours exactement où vous allez, ou procédez-vous par essais et erreurs?

Je tâtonne beaucoup. C'est surtout vrai au niveau de la couleur. Je n'utilise jamais la même technique. Pour ces illustrations, j'ai travaillé à la fois avec de l'aquarelle, des crayons de couleur et de l'encre. On n'imagine pas le nombre de couches de couleur qu'il y a sur un de mes dessins. Cela n'a pas été le cas avec la bouteille, même s'il n'a pas été facile de lui donner toute la transparence voulue.

Les tarifs pratiqués par la profession en matière de travaux publicitaires ne sont-ils pas disproportionnés par rapport aux tarifs des éditeurs de BD?

Non. Quand un dessinateur de BD fait un travail de commande, il doit être bien payé, car le prix est généralement un forfait. Or, sur une BD, je touche des droits. 

J'en perçois d'ailleurs encore sur des dessins que j'ai faits à mes débuts, il y a 40 ans. Et puis, une commande s'effectue souvent au détriment de la réalisation des albums. Le prix doit compenser cette perte ou ce retard, et est donc fonction de la notoriété du dessinateur.