Le témoignage de Will dans GOSCINNY Biographie par Marie-Ange Guillaume et José-Louis Bocquet chez Actes Sud en 1997

Will: "A cette époque, je faisais Lilly mannequin dans Paris Flirt avec Goscinny. Mais ça embêtait Charles Dupuis, que je travaille pour Paris Flirt, Il voulait que je prenne un pseudo. Pour ne pas être emmerdé, j'ai dit à René que j'arrêtais. Ensuite, j'ai quitté Dupuis pour devenir directeur artistique de Tintin. Leblanc m'avait engagé sur une suggestion de Franquin, et j'ai retrouvé René avec Uderzo. On sortait en bande. Je me souviens d'une boîte de nuit avec des filles superbes qui faisaient des trucs pas possibles sur scène: personne ne les regardait, tout le monde se marrait parce que Goscinny racontait ses histoires. C'était un conteur fabuleux." (page 104)

Et puis, en 1962, Dargaud s'associe avec la Bonne Presse (1'actuel Bayard Presse) et lance Record, un mensuel pour jeunes, tout ce qu'il y a de catholique et bien pensant. Charlier et Goscinny sont de la partie et retrouvent Will qui, entre-temps, a quitté le Lombard pour animer les aventures de Tif et Tondu chez Dupuis. Will: "J'ai conçu la couverture du premier Record. Et avec Goscinny, nous avons créé Record et Véronique dans le numéro deux en fait le personnage-titre n'était pas dans le premier numéro. Nous avons fait une dizaine d'histoires. Goscinny était rapide, il pouvait faire dix planches dans la journée. (page 126)

Avec Charlier, je faisais des jeux, on était toujours à la bourre. Un jour, je lui téléphone pour avoir son travail, et il me dit: «Je te l'ai déjà envoyé mais je t'envoie des doubles.» Plus tard, Goscinny m'a dit: «Charlier n'envoie que des doubles.» Je travaillais pour ce journal sans voir personne. Je livrais par la poste, on communiquait par téléphone. Un jour, nous avions reçu l'un des responsables le père P... C'était un Vendredi saint, ma femme avait fait des steaks. Il a dit: «En voyage, je peux». (page 127)